2 mars 2011

Irrigation et maïsiculture dans le Gers

Habitant la haute vallée du Gers et étant un peu écolo, difficile de ne pas être sensible à cette vidéo produite par la WWF sur la culture du maïs irrigué dans le Gers.




Mais je suis aussi un méditerranéen, j'ai poussé en "culture sèche" et, comme tous les "maures", j'apprécie l'eau et la verdure qu'elle produit ;-) ... pour moi l'irrigation est avant tout une initiative sociale (du coup normal qu'elle soit financé par le denier public) qui vise à assurer la production agricole suffisante et diversifiée sur une région où la pluie ne suffit pas à garantir la pousse des cultures. Sans irrigation, pas de tomates, pas de pêches, pas d'oignon, peu de melon, etc, toutes des cultures "sociales" car nécessitant de la main d'œuvre abondante par unité de surface et son relativement rémunératrices pour l'agriculteur. Pas de haricot, pas de lupin, pas de piment, ... c'est vrai, on peut les importer ...

Historiquement, l'irrigation est même un vecteur de civilisation, obligeant les sociétés agricoles à s'organiser et à régler les conflits de façon constructive. D'un point de vue intellectuel, l'homme s'est creusé la tête depuis des millénaires pour comprendre pourquoi, comment, quand irriguer. L'irrigation a été l'un des moteurs de l'hydraulique en tant que branche scientifique.

Coté environnement, l'irrigation est une agression contre le milieu naturel existant, pas de doute. Cela ne veut pas dire que la biodiversité ne se voit pas amélioré par la mise en irrigation. On trouve des exemples dans les oasis et dans les milieux méditerranéens comme les Alpujarras ou l'Axarquia, régions mises en irrigation il y a des siècles et où les canaux d'irrigation permettent le développement d'une végétation spontanée abritant la faune sauvage et protégeant les pentes de l'érosion.

J'ai donc à voir que du mauvais derrière chaque retenue collinaire des coteaux du Gers.

Par contre, je suis plus sensible à la vision du paysage des vallées à maïs dans ces mois d'hiver. Des parcelles de plusieurs dizaines d'hectares, sans un brin d'herbe, séparées par des fossés dans le sens de la pente maximale, parfaitement désherbés eux aussi, d'abord couvert des fanes du maïs, ensuite labourées et lessivées par les pluies de janvier à mai... ce n'est pas très beau à voir au quotidien. On se doute aussi que une pousse aussi rapide, sans rotation de cultures et une terre nue aussi propre nécessitent des intrants de façon massive et que cela doit contribuer (entre autres) à que l'eau du robinet sente aussi mauvais à la maison (constat personnel, je sais pas ce qui disent les analyses).

Irrigation et protection de l'environnement, ça fait mal aux oreilles? Je voudrais croire qu'une troisième voie entre (ou avec) les pro-FDSEA et les pro-Confédération Paysanne est possible, pour le plus grand bonheur des habitants et des agriculteurs de cette région. Je suis un naïf ou pas assez informé? Peut-être  ...Mais  je me disais que c'est important de concilier les deux approches car le GIEC et compagnie déclarent que le climat du Sud Ouest de la France deviendra probablement à tendance méditerranéenne dans 50 ans,. on aura besoin de gérer un ressource en eau encore plus restreinte.

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