16 août 2011

Le jardin potager en Cantabrie

Nous avons passé quelques jours de vacances dans la limite entre les régions de Cantabrie et des Asturies, à l'endroit où les versants des Picos de Europa vont plonger dans la Mer Cantabrique. Sur les marchés et lors des randonnées j'ai pu observer des nombreux jardins potagers et discuter avec quelques jardiniers et maraichers de cette région et montagneuse de l'Espagne verte.

Pendant ces vacances, à chaque fois que je regardais la météo c'était la même image : gros soleil partout en Espagne, sauf là où nous étions. En Cantabrie la pluie n'est jamais bien loin et les jours de chaleur estivale sont rares. Enfin, ça c'est en été car en hiver il parait que c'est pire... Il y a néanmoins des micro-climats sur des pentes bien exposées au sud sur des sols calcaires ou schisteux drénants où poussent vigne, cerisiers, chênes verts et liège et même citronniers (sur la frange littorale) !

Du coup, les jardins potagers d'été manquent des aubergines, melons et autres pastèques de mon pays d'Espagne du sud. Ici c'est le royaume des haricots à rames, la culture la plus visible dans le paysage des potagers familiaux. Point de haricot nain, les gousses proches du sol pourrissent avec la pluie. Grands amateurs de légumes secs, ils produisent surtout des haricots secs à manger en potée pendant l'hiver : des fabes (lingot blanc de la variété "Granja"), des haricots rouges type 'Tolosa' très appréciés, des "alubias pintas" (lingot blanc avec des veines rouges), des petits cocos jaunes (seulement dans les vallées "sèches" car nains), et j'en passe. Cette culture demande un peu de travail pour l'installation des piquets en noisetier qui tiendront les plants distribués en carré à 30 cm d'intervalle. Je crois qu'elle produit néanmoins plus de grains que les haricots nains : 3-4 kilos de grains secs pour 8-10 m².

Deuxième culture plébiscitée par le jardinier cantabrique, le chou non pommé type 'Asa de cantaro' dont on récolte les feuilles entières au fur et à mesure de la croissance de la plante. Cela fait, à la fin de la saison, des choux haut perchés sur leur longue tige, un peu comme des choux de Bruxelles après la récolte des pommes.

Autre culture intéressante, l'oignon rouge 'de Liébana' vendu sur les marchés d'aout à mai, donc de très bonne conservation. Il s'agit d'un gros oignon bien rouge et aplati.  Semé en pépinière en novembre sur la cote, il est repiqué en mars pour lui éviter les grosses pluies de l'hiver, et récolté enfin en juillet/aout. Ils font aussi des gros oignons doux jaunes type 'Babosa' à consommer verts car ils ne se gardent pas.

Deux cultures du soleil ont aussi place dans tous les potagers : les tomates et les poivrons. Cet été particulièrement pluvieux, les tomates (souvent des 'Marmande') peinent à murir début aout, les poivrons n'ont presque aucun fruit. Ces sont des poivrons à chair (à rôtir), ce qui pourrait s'expliquer (malgré la météo peu propice) par la proximité de la vallée de l'Ebro, ou des fins et petits, plus précoces, du type 'Guernika' (variété à frire du Pays Basque espagnol). Tomates et poivrons sont le plus souvent non verts mais bleus de bouillie bordelaise, le jardinier essaie de conjurer ainsi le mildiou qui guète.

Quelques concombres, quelques courges et salades complètent le panorama du potager familial classique. Je n'ai vu que peu de patates (déjà arrachées?), carottes ou navets (apparemment ce n'est pas courant) ... ni d'autre légume que ceux qui font partie du cocido montañés (seul "cocido" sans pois chiches de l'Espagne...) : comme ici dans le Midi de la France, les pépés qui font encore le jardin vont à l'essentiel. Puisque le terrain plat manque, les jardins sont petits, (moins de 200 m²), entourés de murs en pierre sèche (enfin, plutôt mouillée) pour les protéger des vaches omniprésentes (dont la belle 'Tudanca'), et je suppose que les rotations sont pratiquement inexistantes.

Les jardins incluent la plupart du temps quelques arbres fruitiers principalement des pêchers, les pommiers sont plutôt dans des pré-vergers et les vignes de table sont en espalier sur les façades des maisons ou contre des murets (bien bleues elles aussi). Des citronniers sont courants partout dans la zone littorale, avec même des petits champs de citronniers dans les endroits bien exposés

Un truc marrant, les vieux jardiniers utilisent encore des "abarcas", sorte de sabots montés sur trois talons en bois (rien à voir avec l'abarca des Baléars). Apparemment c'est nickel pour les terrains boueux , ça fait un bruit sympa sur terrain caillouteux, et finalement ce n'est pas très cher (22 € pour la partie en bois dans une quincaillerie à Panes). Coté bois aussi, on a vu les paniers en lames de châtaigner, omniprésents sur les marchés mais introuvables sur le terrain après tant de recherches (un seul vannier identifié à Barcena Mayor).

Mais attention : le jardin ne se fait qu'en été! L'hiver, il pleut trop pour que les légumes (hors chou)  tiennent dixit un jardinier de Barcena Mayor qui n'aime certainement pas (et je le comprends) se faire tremper le béret.

PS : merci à mes amis, à ma femme, aux enfants qui ont supporté avec stoïcisme mes excursions-ethnobotaniques-à-deux-balles pendant ces vacances, par ailleurs très sympas ;-)

Coulis avec les tomates du potager

Hier j'ai passé mon après-midi du 15 aout à faire du coulis avec une partie des tomates récoltées au retour des vacances, environ 17 kg de fruits.

J'ai changé de méthode pour la cuisine et pour la mise en pots. J'ai épépiné grossièrement les tomates que j'ai mis à cuire entières (avant je les écrasais fraîches avant cuisson). J'ai pu ainsi retirer une partie du jus rendu par les fruits (2 litres) et écourté considérablement le temps de cuisson nécessaire pour obtenir une consistance pas trop liquide. Ce jus  ou bouillon est d'ailleurs très gouteux et utilisable pour faire de la soupe, cuire des pâtes etc.

Ensuite j'ai enlevé un maximum de peaux de tomate (qui flottent sur le jus) et mouliné la chair directement dans la marmite ce qui a été plus rapide que de le faire dans le verre du mixeur pour un résultat plus ou moins équivalent. Ça m'a fait gagner énormément de temps. La mise en pots du coulis très chaud a été faite en bouteilles d'un litre, ça a été également plus rapide que de le faire en pots d'un demi-kilo et la bouteille convient à l'utilisation du coulis de tomate.

Pour la recette, j'ai fait :17 kg de tomates (surtout grappe mais aussi quelques 'Roma' et 'Marmande'), 500 gr d'oignons, un très gros bouquet de sarriette-sauge-origan, 2 piments secs, un filet d'huile d'olive extra vierge bio de Sierra Morena, et 15 cuillères à café de sel (pour contribuer à la conservation).

On en obtient après 2-3 heures de boulot, 9,5 litres de coulis et 2 de bouillon.

Après coup, le gout me semble assez bon, pas trop chargé en aromates et légèrement salé. Le seul hic s'est la présence de peaux et de pépins car je n'ai pas tamisé ... mais bon, comme on dit, "c'est la garantie de sa qualité artisanale".

Il faut que je fasse encore 2-3 fois autant de bouteilles et on en aura assez pour notre consommation annuelle et pour en offrir quelques unes. On verra si l'on y arrive car le mildiou semble vraiment virulent en ce moment ...

14 août 2011

Mi-aout : Récolte de la première pasteque et autres affaires du jardin

Ma première pastèque de l'année, de la variété "Sugar Baby" a été récoltée aujourd'hui. Elle faisait 2,5 kg et était ... immangeable. Une petite fêlure sur le coté avait pourrit par l'intérieur et donné mauvais gout à l'ensemble du fruit. J'en ai gardé les graines vu que c'était tout de même le premier fruit et que la taille et l'aspect étaient corrects.

J'avais semé les pieds de pastèque en terrine en avril et mis en terre début mai. Ils ont stagné tout le mois de juin et enfin décollé à partir de la mi-juillet avec apparition de petits fruits et production de branches que j'ai fait remonter sur un grillage.

Les autres fruits sont loin d'être prêts (le fruit est mûr lorsque la première vrille après le pédoncule est sèche) mais je garde encore l'espoir de pouvoir en déguster un ou deux d'ici septembre. Il aurait été pertinent de les faire pousser sur un paillage plastique transparent et sous tunnel car je pense qu'elles ont manqué de chaleur cette année.

Par ailleurs, après 10 jours de vacances, nous retrouvons le jardin débordant de fruits et de mildiou. Coté tomates, les six plants hybrides non taillés et sans arrosage ont encore fait un cageot de 10 kg et j'en ai jeté autant. Les 'Marmande' sont très atteints par le mildiou et couvert de tomates énormes mûrs (30 à 40 kg). Même les 'Rio Grande' commencent à mûrir. Les 'cerise'; je ne sais pas si ça vaut la peine de les récolter ... on en mange sur le sillon. Les 'Roma' sont très atteintes par le mildiou, qu'elles soient à sec ou arrosées. Je ne sais si j'en aurai quelque chose.

Plus impressionnante a été la récolte des aubergines, encore énormes et très nombreuses. J'ai pris que les plus grosses et j'ai rempli deux bons cageots. Les variétés non hybrides viennent de se mettre à produire mais c'est sans commune mesure avec les hybrides. Celles-ci avaient 4-6 fruits bons à récolter contre 1-2 pour les non hybrides. Et elles ont commencé à produire un bon mois plus tard (là c'est la qualité des plants qui est plus mise en doute).

Et plein d'autres récoltes m'attendent : haricots verts, fraises, concombres (un petit cageot alors que je n'arrose plus ...), pommes de terre, chicorées, betterave, carottes, fenouil, poivrons, courgettes, melons ... on a du boulot avant de pouvoir s'occuper des semis d'arrière saison (à faire "as soon as possible" !).

1 août 2011

Récolte des graines de coriandre

J'avais fais un semis de coriandre en février, on en avait récolté des feuilles vertes deux fois, il avait monté à fleur et puis ... je l'ai oublié. Je le voyais sans le voir, chargé de graines qu'il faudrait récolter un jour.

Ça doit être une sorte de déformation mentale du jardinier : je n'ai repris conscience de ces graines non récoltées jusqu'au moment où j'ai vu qu'il y avait une extraordinaire pullulation de punaises arlequin. Des graines non récoltées qui pourrissent depuis un mois, soit; mais des punaises dans mon jardin, jamais !!

J'ai récolté vite-vite mes graines, qui ne sont plus mangeables (car noircies par la pluie), et cassé le bonheur des punaises qu'iront sans doute, faute d'autres ombellifères en fleur, se régaler de mes tomates toutes proches. Assouvir ses impulsions criminelles contre les insectes n'est jamais bon pour le jardinier ....

Quoique ... ma pelouse non tondue regorge de carottes sauvages, j'espère que les gentilles punaises en profiteront et laisseront mes tomates tranquilles. Et je ferai cet automne un super-semis de coriandre avec toutes ces graines.

Récolte de myrtilles dans les Pyrénées

En profitant du beau temps qui est arrivé enfin ce weekend, je suis allé me perdre dans le brouillard de la haute chaine des Pyrénées ;-) Je voulais marcher un peu (rando vers le Pic du Thou) et surtout ramasser quelques myrtilles (car on en avait un peu vu le weekend d'avant au dessus de Loudenvielle).

Après la montée et descente du sommet pendant 6 heures dans la brume, je n'avais plus trop la pêche pour faire le chasseur-cueilleur. Je me suis donné juste une heure pour faire la récolte avant de finir la descente. En montant, j'avais repéré un coin avec quelques myrtilliers mais une fois dessus je constatais qu'il n'y avait pas grande chose à grappiller. La récolte fut maigre et longue!! Un peu plus de 300 gr en une heure et quart, à peine de quoi faire une tarte.

Par la même occasion, je découvrais qu'il y avait des myrtilles sur deux types de buissons. L'un, je connaissais, l'autre, non. Pourtant le fruit des deux types de buissons avaient à 80% le même gout et le même aspect. Je voyais juste que les myrtilliers "normaux" n'avaient presque plus de fruits alors que les autres en avaient plein. 

Quand j'étais gosse et j'allais à la plage avec mes grands-parents, mon grand-père choisissait toujours le restaurant le plus bondé pour y aller manger, car s'il y avait du monde c'est qu'il était bon. En appliquant la méthode familiale, moi aussi je me suis méfié du buisson dont personne n'en voulait malgré la quantité de baies et leur gout "normal". A la maison, j'ai regardé sur une 'flore' pour trouver la description des deux myrtilliers : myrtillier commun et myrtillier des marais, c'est bien illustré sur Wikipedia.

Les myrtilles ont fini au congélateur en attendant de les utiliser pour la prochaine tarte d'anniversaire de notre petit amateur de fruits rouges.